Séduite par l’immobilier alors que sa formation la conduisait vers la santé, Anne-Catherine Hellmann a gravi les échelons avant de fonder sa propre structure. Âgée de 22 ans à ses débuts, elle a su faire ses preuves dans ce secteur très masculin. Entretien.
Quels furent votre parcours professionnel et vos motivations pour choisir ce métier ?
Après une première année de médecine décevante, je me suis orientée vers une Licence puis un Master santé publique. Avec mon temps libre, j’ai pu apporter mon aide dans la société de mon frère en 2010. Débutant comme un coup de main, cela s’est transformé en un coup de coeur et l’immobilier est devenu ma passion ! En 6 ans, je suis passée d’analyste à Asset manager, puis directrice. Et en 2016, je crée Serris REIM avec mon frère en associé : autant continuer le challenge ensemble.
Comment se décline l’activité de votre société ?
Composée de plus d’une quarantaine de salariés et ayant environ 500M€ d’encours sous gestion, Serris REIM est spécialisée dans la gestion immobilière avec une vision d’ensemble : investissement, financement, Asset/Property management. Dotée d’un pouvoir d’adaptation quotidien, avec des solutions sur mesure, la société s’est beaucoup développée en France mais également en Europe.
Comment définiriez-vous les enjeux de votre fonction actuelle ?
Faire face à tous les changements de la société est la plus grande complexité : intégrer la transition écologique, reconnecter le physique au virtuel, concilier l’équilibre vie privée – vie professionnelle. En résumé, autant dire bienvenue dans, non pas un nouveau, mais de nouveaux challenges.
Quelles qualités vous ont permis de réussir votre carrière ?
Pugnacité : réussir à accorder le caractère et les manières de penser de tous les salariés qui composent la société pour en faire sa raison d’être, ce qui exige implication, temps et patience. Persévérance : réussir la délégation de tâches. Se rappeler que la confiance n’empêche pas le contrôle. Ce lâcher prise permet aussi de transmettre la Passion, indispensable au chef d’entreprise qui ne compte plus ses heures ! On doit avoir envie… de travailler, de se retrouver, de développer, de faire, de créer !
Quel est votre style de management ?
Excellente question, mais réponse impossible ! Je passe mon temps à en changer car j’évolue chaque année ! Mon management reste bienveillant, à l’écoute, je pousse mes équipes à parler, à se construire ensemble, à se surpasser. L’ambiance de travail est particulièrement importante pour moi : je souhaite que mes collaborateurs aussi aient du plaisir à venir chaque matin comme moi. Je parle souvent de la société comme une grande famille : mais effectivement on passe énormément de temps dans une journée avec ses collègues – autant que ce soit un bon moment convivial.
En tant que femme, avez-vous rencontré des difficultés pour vous imposer ?
Je n’ai pas eu de vraie problématique en tant que femme, mais plutôt du fait de ma jeunesse : ce n’était pas toujours évident. Mais je n’ai jamais eu de freins dans mes ambitions. Si on se bloque au fait qu’être une femme représente un problème, on n’évolue pas ! Et comme je comptais évoluer, j’en ai fait une force. L’humour est un véritable atout féminin !
Votre frère fut-il pour vous un mentor ?
Travailler en famille met une pression supplémentaire par rapport à un salarié classique. Mon frère m’a montré que je ne pouvais pas me contenter de ce que j’avais, il m’a appris à me surpasser, m’a toujours donné des objectifs plus élevés. Quand je n’avais pas le Mont Blanc à gravir pour y arriver, j’avais la chaine des Alpes !
Comment conciliez-vous vie privée et vie professionnelle ?
Cette problématique est difficile pour un chef d’entreprise, surtout les premières années ; elle requiert quelqu’un sur qui s’appuyer dans sa vie privée. Heureusement j’ai réussi aujourd’hui à mettre cela en oeuvre. Et je n’ai jamais été autant épanouie !
De quoi êtes-vous la plus fière aujourd’hui ?
Actuellement, la mode consiste à avoir envie de donner à l’enfant qu’on a été les conseils d’aujourd’hui. À la jeune fille que je fus, j’aimerais dire qu’un jour je saurai prendre le téléphone et décrocher sans avoir peur de tenir une conversation, je saurai gérer plusieurs bureaux avec plus de 40 salariés tout en restant authentique et transparente : ça la ferait sûrement beaucoup rire. Et surtout je pourrais lui dire combien mon métier me permet de me lever chaque matin avec le sourire !
Anne-Catherine HellmannEntreprendre.fr